Un portrait-robot. Pas n’importe lequel : un portrait-robot à partir d’un crâne humain ! C’est ce que parvient à réaliser une équipe de l’Institut des sciences du calcul et des données (ISCD) à Sorbonne Universités.
Avec son programme interdisciplinaire intitulé FaciLe, lancé en 2014, l’ISCD a ouvert en grand les portes d’un champ de recherche innovant : exploiter les outils numériques pour reconstruire le visage d’un individu à partir de son squelette crânien.
L’intérêt ? Obtenir un résultat objectif[1] et fiable permettant une déclinaison de plusieurs versions d’un même visage pour faciliter l’identification.
Modélisation mathématique
Pour ce faire, les chercheurs ont un allié de taille : la modélisation mathématique. En gros, ils traduisent en équations le rapport entre la morphologie du crâne et celle du visage. Mais attention, il n’y a pas que les mathématiciens qui se penchent sur la question ! Biologie, chirurgie maxillo-faciale, médecine légale, anthropologie, biomécanique, archéologie… Les disciplines nécessaires à un tel projet sont nombreuses.
Pour illustrer leur expertise, on peut se baser sur le travail réalisé pour un court-métrage[2] retraçant l’histoire d’un crâne humain non identifié. Le crâne a d’abord été daté au Carbone 14 et numérisé par des anthropologues au Muséum national d’Histoire naturelle, puis une analyse ADN a été effectuée au Musée de l’Homme. Résultat : le crâne appartenait à un homme caucasien, de 40 à 60 ans, qui aurait vécu entre le 17 et 19e siècle.
Grâce à une base de données de crânes et de visages en 3D, obtenus à partir de scanners réalisés sur des volontaires, les scientifiques de l’ISCD ont alors reconstitué le visage de l’inconnu. Il ne restait plus qu’à habiller cette reconstitution faciale : texture de peau, cheveux, rides, expressions, sourcils, couleurs des yeux… Tout un art pour offrir un rendu réaliste sans altérer les résultats de l’algorithme.
Les applications de ses recherches prometteuses semblent multiples, que ce soit en médecine légale, pour l’identification judiciaire de restes humains, mais aussi en paléontologie et en archéologie pour savoir à quoi ressemblaient des peuples du passé.
Marion Guillaumin
[1] Contrairement au visage modelé à la main qui implique une subjectivité du sculpteur.
[2] Intitulé Bruto, il a été réalisé par Carole Grand et diffusé sur France Télévisions.