Comme vous le savez, le paon (Pavo cristatus) est connu pour sa parade dans le but de séduire une femelle. Pour ce faire, il déploie sa traîne, ce qui constitue la fameuse « roue du paon » dont la sélection de la femelle est fonction de ses couleurs et de sa longueur.
Mais si cela ne suffit pas pour arriver à ses fins ?
Une étude scientifique s’est intéressée aux cris énoncés par le mâle. En effet, il émet des sons lors de ses tentatives de séduction en présence d’une femelle, mais il arrive parfois que le paon crie alors qu’aucune partenaire potentielle ne visite le territoire (le lek). Le paon utilise trois cris différents : le « hoot » attirerait la femelle indépendamment du comportement du mâle, le « keow » est émis par un mâle dont la traîne n’est pas érigée (absence de roue) et le « ka » par un mâle dont la traîne est relevée et loin de la femelle. Le « solo hoot » est le terme donné au cri émis en absence de femelle pour l’attirer au sein du lek.
Les chercheurs ont donc étudié l’attirance de la femelle par ce fameux cri solitaire en utilisant des enregistrements pour retirer l’effet du comportement du mâle. L’expérience a mis en évidence que les femelles étaient plus attirées par le cri « hoot » que par les deux autres ; elles sont donc capables d’entendre et de répondre à ce cri du mâle à distance. Malgré le manque, dans ces résultats, de corrélation entre le taux de « hoot solo » et la copulation, une augmentation de fréquentations du lek par les femelles est la principale conséquence de l’émission de ce cri. Il serait probable qu’à long-terme, cela impliquerait un plus fort taux de reproduction.
Tromperie du mâle ?
Lors de son cri en solo, le mâle simule donc une tentative de copulation alors qu’aucune femelle ne lui fait face pour attirer les femelles qui l’entendent au loin. Cela pourrait valoir un coût énergétique et d’opportunité à celles-ci en raison d’un déplacement sans identification de la « qualité » du partenaire (i.e. autres facteurs reproducteurs). Or, tous les mâles de cette espèce ne procèdent pas de cette manière ; l’équipe suppose que ce comportement résulte d’un apprentissage. En effet, il a été démontré auparavant que les oiseaux et les mammifères renforcent certains comportements, même si cela n’implique pas la copulation, pour augmenter l’accès au partenaire potentiel.
Marion Guillaumin