Question philosophique s’il en est en période de rhumes et autres joyeusetés : comment se fait-il que lorsque l’on a le nez bouché, il ne l’est jamais complètement ?
Avouez que vous ne vous êtes jamais posé la question. Et pourtant, arrivé à la fin de cet article, vous aurez glané une nouvelle anecdote pour vos diners mondains.
Alors à cette question il y a deux sortes de réponse, une version courte et une version moins courte.
Version courte
C’est dû au système nerveux végétatif. Duh.
Version longue
Le système nerveux végétatif porte aussi le nom plus explicite de système nerveux autonome. Pourquoi autonome? Parce que c’est ce système qui contrôle vos fonctions vitales de manière totalement automatisée, sans que vous en ayez conscience. C’est lui qui gère votre rythme cardiaque, votre respiration, mais aussi vos fonctions digestives, urinaires, visuelles (contraction/dilatation de vos pupilles)… Bref, c’est le chef d’orchestre tapi dans l’ombre qui coordonne chaque système nécessaire à votre vie.
Donc en soit, vous en prenez conscience, la réponse courte ne nous aide pas du tout à répondre à notre question initiale.
Entrons plutôt dans le vif du sujet voulez-vous. Et la réponse pourrait vous surprendre. Car à l’instar du cycle cardiaque ou du cycle respiratoire, vos narines aussi ont un cycle. En 1977 Hasegawa et Kern publiaient leurs recherches dans ce domaine : à l’image des corps caverneux du pénis de l’homme, un cycle de congestion-décongestion a lieu au niveau de vos narines. Ainsi toutes les 3-6 heures, au niveau de ce que l’on appelle les « cornets », alternent des phases d’engorgement et de dégorgement, rendant une narine plus « dominante » que l’autre. L’une après l’autre.
Et à quoi ça sert ?
Outre le fait que ça permette d’avoir un flux d’air minimal même en période de rhume, on hypothèse plusieurs fonctions à ce rythme nasal.
La première hypothèse n’a pas de rapport avec la respiration, mais avec l’odorat. En effet, certaines odeurs sont plus facilement détectées avec un flux d’air ralenti quand d’autres le sont avec un flux rapide. En ayant à chaque moment une narine avec un diamètre d’ouverture supérieur à l’autre, on se munit alors pour ces deux cas de figure.
Et l’explication quant au cycle de congestion et de décongestion est tout aussi simple : un flux constant d’air rapide assèche et dégrade vos voies nasales. Notamment en détruisant les poils nasaux qui représentent la première défense de votre organisme contre les particules étrangères que vous respirez en permanence. En alternant une congestion à droite puis à gauche, cela permet de réduire l’impact de ces flux.
Charles-Antoine Papillon