La narcolepsie est un trouble du sommeil qui touche près d’une personne sur 2800. Certes, les cas sont rares mais cette grave maladie se caractérise par une somnolence diurne excessive ainsi que par une baisse du tonus musculaire (ce qu’on appelle la cataplexie). Imaginez, vous êtes face à votre soupe préférée, le téléphone sonne mais vous n’avez même pas le temps de l’entendre puisque vous vous êtes endormi la tête dans le bol…
Trêve d’imagination saugrenue, ce trouble du sommeil très invalidant mérite qu’on s’y intéresse ; mais pour mieux le traiter, les scientifiques ont besoin de comprendre son origine.
Récemment, une équipe de chercheurs au centre de physiopathologie de Toulouse (Inserm, Université de Toulouse et CNRS) ont suivi la piste d’une probable cause auto-immune. [Auto-immuquoi ? Une maladie auto-immune résulte d’un dysfonctionnement du système immunitaire qui s’attaque aux constituants normaux de l’organisme, que l’on appelle auto-antigènes.]
En effet, la narcolepsie serait due à la perte d’une population de neurones localisée dans l’hypothalamus latéral (dans le cerveau). Ces neurones sécrètent un neurotransmetteur que l’on appelle orexine, responsable de la stimulation de l’appétit et de l’état d’éveil. Moins de neurones dans cette zone, moins d’éveil. Ceci expliquerait donc cela.
Et pourquoi cette conclusion ? Les chercheurs ont généré des souris exprimant un auto-antigène, l’hémagglutinine, dans ces fameux neurones orexinergiques. En injectant des cellules spécifiques qui jouent un rôle essentiel dans le système immunitaire (cellules T), les scientifiques ont déclenché une perte des neurones de la zone ciblée. C’est alors que les souris ont présenté une cataplexie et des troubles du sommeil, similaire à une narcolepsie humaine.
Marion Guillaumin