Les moustiques-tigres font l’objet de la « longue » introduction de notre émission MicroScience, mais figurent également dans de nombreuses rubriques de presse depuis quelques semaines. Zika, ça vous dit quelque chose ?! Mais non, ce n’est pas le féminin de Zicos. Voyons.
Zika, Zikons, expliquons.
Zika est un virus transmis par les moustiques du genre Aedes qui provoque une maladie se manifestant 3 à 12 jours après la piqûre de l’insecte vecteur. Les symptômes sont multiples : fièvre, maux de tête, éruption cutanée, douleurs musculaires et articulaires, grosse fatigue… Cette maladie virale, pouvant durer près d’une semaine, semble généralement silencieuse et reste le plus souvent bénigne. Cependant, chez le fœtus, Zika pourrait être à l’origine d’une malformation sévère responsable d’un retard mental irréversible : la microcéphalie (croissance de la boîte crânienne anormalement faible).
Ok, et ça se soigne ? Il n’existe actuellement ni vaccin, ni traitement spécifique de la virose Zika.
Un petit historique
Le virus Zika est détecté pour la première fois chez un singe en Ouganda, en 1947, puis chez un moustique un an plus tard, dans la même région. C’est dans les 70’s que les premiers cas humains apparaissent en Afrique (Ouganda mais aussi en Tanzanie, Egypte, Sénégal, Gabon) et dans certains pays d’Asie. On n’en parle pas beaucoup. Mais en 2007, une épidémie se déclare en Micronésie (Pacifique) qui cause 5 000 infections. Ah oui quand même. Entre 2013 et 2014, 55 000 cas sont déclarés en Polynésie française et l’épidémie ne cesse de se propager. Mai 2015 : détection de Zika au Brésil, où le nombre de cas recensés dépasse le million. Aujourd’hui, il a colonisé la Colombie, le Mexique, le Paraguay et d’autres pays d’Amérique du Sud, en Guyane française et Martinique (cf carte des pays touchés et des Instituts Pasteur mobilisés).
Inquiétude au Brésil ?
Plus de 4 000 cas présumés de microcéphalie depuis octobre 2015 au Brésil inquiète. La menace est prise très au sérieux par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui a lancé une ‘alerte rouge ‘ mondiale – la quatrième de son histoire – le 1e février 2016 pour accélérer l’action internationale pour contrer l’épidémie. Mais une question pointe le bout de son nez : est-ce bien ce virus qui cause ces malformations et est-on sur la piste du vrai coupable ? Deux organisations indépendantes de médecins au Brésil et en Argentine en doutent fortement et publient leur hypothèse : le pyriproxyfène (insecticide utilisé depuis plus de 60 ans) pourrait être responsable. Cette hypothèse fait des vagues mais n’exprime qu’une corrélation, ne constituant pas une preuve concrète. L’OMS devrait s’exprimer dans les jours à venir. Affaire à suivre.
Marion Guillaumin