Un microbiote intestinal[1] sain contribue au fonctionnement normal du cerveau. Mais un déséquilibre de cette communauté bactérienne peut être à l’origine d’un état dépressif. Ces résultats ont été publiés dans la revue scientifique Nature Communications, par une équipe de chercheurs de l’Institut Pasteur, de l’Inserm et du CNRS.
Expériences chez la souris
De nombreuses études montrent à quel point les interactions entre l’individu et le microbiote de son intestin peuvent être bénéfiques.
Mais que se passe-t-il quand le bidon est chamboulé ? Pour le savoir, les chercheurs ont réalisé des expériences chez la souris. Ils ont étudié les microbiotes d’animaux sains et d’animaux présentant des troubles de l’humeur.
Le transfert du microbiote d’une souris dépressive chez une souris en bonne santé induit un changement de comportement chez cette dernière. Elle finit aussi par souffrir de dépression.
Baisse de métabolites
La modification du microbiote intestinal, souvent engendrée par un stress chronique, entraîne une baisse de métabolites lipidiques (petites molécules) dans le sang et le cerveau. Cet effondrement perturbe alors le bon fonctionnement de la région cérébrale qui participe à la formation de nos souvenirs et des émotions : l’hippocampe. C’est là que l’état dépressif survient.
Irréversible ? Les chercheurs ont découvert que certaines espèces bactériennes sont moins présentes chez les souris qui ont des troubles de l’humeur. Grâce à un traitement oral contenant ces fameuses bactéries, ils ont pu restaurer un niveau normal des métabolites et donc traiter la dépression. Ces microorganismes semblent donc agir comme antidépresseur !
Une piste prometteuse pour rétablir un microbiote sain et lutter contre le trouble mental qui touche plus de 264 millions de personnes dans le monde.
Marion Guillaumin
[1] Population bactérienne dans l’intestin. Elle constitue le plus grand réservoir de bactéries de l’organisme.