Le cerveau est un organe fascinant. Siège de la conscience, coordinateur de vos fonctions vitales, gardien de vos sens, … Le cerveau en fait des choses formidables sans que toutefois vous n’en ayez conscience. Et ça aussi c’est fascinant ! Les plus grands cerveaux de notre monde tentent si désespérément depuis des décennies à comprendre comment ce même organe, des espèces les plus rudimentaires à l’Homo Sapiens, fonctionne. Brainception !
Je vous propose donc d’appréhender cette semaine quelques troubles neurologiques forts intrigants… Des troubles qui pourraient presque être cocasses s’ils n’étaient pas si handicapants pour les personnes touchées.
L’héminégligence
L’héminégligence est un trouble de l’attention qui fait suite à une lésion cérébrale, généralement de type AVC (Accident Vasculaire Cérébrale), dans une région pariétale – droite ou gauche.
Les patients atteints de ce trouble négligent un côté de leur environnement. C’est-à-dire que si la lésion touche le lobe pariétal droit, le patient ne prendra pas en compte son environnement controlatéral gauche – il n’aura pas conscience de le voir, de le sentir, … Il s’agit presque d’un cas de déni puisque les fonctions visuelles sont intactes, tout comme les fonctions motrices et sensorielles.
L’un de tests utilisés pour diagnostiquer ce trouble assez handicapant est celui de la bissection de lignes : demandez à la personne de tracer un trait au milieu d’un segment, et vous obtiendrez un résultat fortement décalé sur un côté – le côté non-négligé.
Mais la vie de tous les jours est pleine d’exemples qui vous montrent le pouvoir ahurissant du cerveau sur vos perceptions. Un patient atteint d’une héminégligence gauche…
- Ne mange pas le côté gauche de son assiette.
- Ne se maquille/rase pas le côté gauche du visage.
- Ne se souvient pas des évènements ayant eu lieu dans son environnement gauche.
- Ne revient pas à la ligne mais au milieu du paragraphe quand il lit un livre.
- Fait l’impasse sur les colonnes de gauches dans le journal.
- N’entend pas les sons venant de gauche, voir ne sent pas que vous touchez son bras gauche.
Crédit : Inserm – Borach, Jean-Louis
Illustrations de patients souffrant d’héminégligence spatiale.
Et ce qui complique la pathologie, c’est que les patients héminégligents sont aussi atteints d’anosognosie en général : ils n’ont pas conscience de leurs déficits ! Ce qui va sans dire, complique la prise en charge et la rééducation.
Heureusement, la majorité des cas d’héminégligence sont réversibles après quelques mois. Notamment grâce à la plasticité cérébrale : le lobe non-touché peut compenser le déficit. Mais la pathologie peut aussi prendre une forme dite chronique, avec non-disparition du trouble après 6 mois…
Charles-Antoine Papillon