On le rase, on l’épile, on le coupe ; mais qui est donc ce petit personnage qui a colonisé le monde et qui nous hérisse la plupart du temps ?
Barrière entre le corps qu’il protège et le monde vers lequel il se dresse, le poil se forme au sein d’un follicule pileux contenant des cellules kératocytes qui synthétisent la kératine. Ce follicule est simplement la cavité dans laquelle le poil prend naissance et une glande sébacée sur sa partie supérieure permet la lubrification du poil via le sébum.
Présentations faites, vous vous demandez pourquoi il repousse toujours après rasage ou épilation ? Le follicule pileux, qui forme alors le poil, est un micro-organe composé de cellules souches, ce qui signifie qu’il se renouvelle régulièrement. Ainsi, le poil pousse, cesse de pousser, puis repousse, etc.
Poilus, partout, partout, vraiment partout ?
Les espèces animales en sont pourvues, de la chenille au tigre en passant par le lapin. Il est vrai que nous, les êtres humains, nous avons une pilosité plutôt différente, notamment en termes d’épaisseur et de répartition, des espèces proches de nous (e.g les chimpanzés) ; ceci serait expliqué par notre ancêtre Homo ergaster qui présentait une grande taille et donc de grandes jambes et qui avait alors besoin d’évacuer davantage la chaleur produite lors de parcours de grande distance. La pilosité aurait alors été amoindrie en raison de cette adaptation évolutive. Il est important de noter que la pilosité d’un individu dépend de son sexe (et oui les gars, vous êtes plus poilus et c’est tant mieux) et de son génome (merci les parents). Or, les espèces animales ne sont pas les seuls êtres vivants à être recouverts de poils ; les plantes en sont également dotées. Sans follicule et sans kératine, le poil végétal (trichome) appartient à la cellule qui le fabrique (sur tige, pétale, feuille) et est donc lui-même vivant. Et puis même où on ne l’attend pas, la tige pilaire est là. Au sein même de l’organisme. Cils, flagelles, les cellules peuvent être composées d’un tel compagnon de vie.
En bref, à quoi ça sert ?
Chez les mammifères, le poil est un véritable isolant thermique permettant alors la thermorégulation. D’ailleurs ce pouvoir peut être augmenté lors d’un épaississement du pelage entraîné par l’horripilation générale si la température est en baisse : la chair de poule ! Le poil est un véritable indicateur environnemental et ses rôles en découlent. Par exemple, la loutre est recouvertes de près de 50 000 follicules au centimètre carré, ce qui lui permet une véritable isolation du froid et une certaine imperméabilité. Le porc-épic, lui, hérisse ses poils qui deviennent aussi piquants que menaçant pour se protéger des prédateurs ; de même, le grillon se défend de l’araignée grâce aux soies qui recouvrent ses cerques, dont les chimiorécepteurs détectent les mouvements d’air induit par l’approche de son prédateur. Et puis, les couleurs du pelage ornent l’animal mais permettent parfois un certain camouflage. Certains organes pileux peuvent être utiles à l’orientation de l’animal. En effet, la moustache (vibrisses) d’une souris lui donne la possibilité de s’orienter dans le noir et d’appréhender les obstacles. Les espèces possédant des moustaches les utilisent comme éléments tactiles. Les grandes vibrisses appréhendent, d’avant en arrière, l’objet auquel l’individu est confronté et les micro-vibrisses, très denses et sous le museau, ciblent le premier point de contact. Donc non, on ne coupe pas les moustaches de son chat ! Chez les plantes, les trichomes peuvent être doux, souples ou durs, urticants, piquants, contenir des substances chimiques (e.g huile, odeurs) ; les fonctions sont multiples. A l’échelle cellulaire, les cils et les flagelles ont un rôle locomoteur ; la motilité et l’orientation sont les mots clés de ces poils au sein de notre organisme. De plus, les cellules auditives (au niveau de la cochlée) sont recouvertes de cils qui pivotent pour créer un mouvement de cisaillement, induisant alors un courant électrique. C’est ainsi que la transmission du son perçu au nerf auditif est effectuée. Merci le poil.
Et les extraterrestres ?
D’après Gérald Bronner, sociologue à Paris-Diderot, la représentation des personnages extraterrestres serait chauve en raison d’un imaginaire humain penchant sur la théorie Larmackienne. Opposée au Darwinisme, l’hypothèse implicite du crâne nu de E.T. est que ces individus seraient en avance sur nous et représenteraient notre futur développement biologique. Une tête disproportionnée par rapport à la taille du corps présenterait l’étape ultime de notre développement et le cheveu aurait finalement disparu pour dévoiler le puissant cortex de plus en plus volumineux. Merci Darwin de nous laisser l’espoir de garder nos cheveux sur la tête.
Marion Guillaumin