Près de 90 ans après sa découverte, un coquillage a été étudié par une équipe du CNRS, du Musée du quai Branly – Jacques-Chirac ainsi que du Muséum et de l’Université de Toulouse. Il est la plus vieille conque musicale retrouvée à ce jour. Ce résultat a été publié dans la revue Sciences Advances le 10 février.
Découvert en 1931
L’histoire commence lors d’un inventaire du matériel provenant de fouilles archéologiques, conservé au Muséum de Toulouse. Parmi les objets, se trouve un grand coquillage — Charonia lampas — découvert en 1931 dans la grotte de Marsoulas, dans les Pyrénées.
Avec 31 cm de long, 20 cm de large et 0,8 cm d’épaisseur, c’est une sacrée pièce ! L’ouverture de la coquille est de 3,5 cm de diamètre et sa pointe est cassée. A priori, l’origine n’est pas accidentelle. L’autre extrémité de l’ouverture présente des traces de retouches.
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Trois sons reproduits
Une analyse par tomographie (technique d’imagerie) a permis d’identifier la perforation d’une des premières spires. La conque servirait à produire des sons. Cela a alors réfuté l’hypothèse d’une utilisation pour boire.
Pour s’en assurer, les scientifiques ont fait appel à un joueur de cor qui a reproduit trois sons proches des notes do, do dièse et ré.
L’ouverture étant irrégulière et recouverte d’un enduit organique mais encore inconnu, les chercheurs supposent qu’un embout y était fixé, comme c’est le cas sur des conques plus récentes des collections du Musée du quai Branly – Jacques Chirac. Des impressions 3D du coquillage permettront de vérifier cette piste et de savoir si cela permet de produire d’autres notes.
Pour le dater, la méthode du carbone 14 a été utilisée. Effectuée sur un morceau de charbon de bois et un fragment d’os d’ours du même niveau archéologique que le coquillage, elle a permis d’évaluer son âge à environ 18 000 ans. Ce qui fait de lui le plus ancien instrument à vent de ce type.
Marion Guillaumin
Pour aller plus loin
Ce coquillage fait résonner des sons vieux de 18 000 ans ! Conférence de presse du 11 février 2021