Les neurosciences s’intéressent depuis une vingtaine d’années seulement aux effets de la musique, qu’elle soit écoutée ou pratiquée, sur le cerveau de l’être humain. Les chercheurs étudiaient déjà les mécanismes impliqués dans le langage et tentent alors de les comparer avec ceux mis en place lors de l’apprentissage de la musique. On parle alors de neuroplasticité : la musique modifie le cerveau d’un point de vue fonctionnel et structural. En effet, un enfant musicien bénéficierait d’une plus forte capacité à mémoriser des informations à court-terme (e.g numéro de téléphone) ; les causes n’étant pas encore identifiées, les scientifiques supposent que le solfège peut induire cette mémoire plus développée. Au début du 21è siècle, les experts ont émis le lien entre la musique et la modification « physique » du cerveau (nombre et connectivité des neurones). Chez les instrumentistes et les chanteurs, le cerveau serait modifié en fonction de l’expertise ; l’épaisseur du corps calleux serait plus importante après six mois de pratique, ce qui refléterait la forte interaction entre les deux hémisphères de l’individu.
Langage et musique, mêmes mécanismes ?
Les scientifiques partaient du principe que les régions cérébrales impliquées dans la production du langage seraient les mêmes que celles activées lors d’écoute ou de pratique de musique. Or, l’aire de Broca serait moins activée pour la musique, contrairement à ce qui était attendu par la communauté scientifique et lors d’écoute d’un morceau déstructuré (incohérence de la « syntaxe »), les signatures cérébrales seraient distinctes à celles correspondant à la lecture d’un texte insensé. La musique dans la peau ? Votre hippocampe (dans le cerveau n’est-ce pas) serait davantage activé et induirait le fait qu’en tant que musicien vous ne pouvez pas vous empêcher de pianoter sur le volant de la voiture ; l’association cérébrale entre l’environnement et l’apprentissage s’enclenche et entraîne le mouvement.
Quels sont les effets ?
Certains prétendent qu’écouter Mozart en boucle durant une grossesse stimulerait la croissance du futur enfant, mais les scientifiques restent prudents sur les résultats. En revanche, si l’embryon entend la voix de sa mère régulièrement (chant ou parlé), lorsqu’il grandira son audition pourra être plus fine et il sera plus sensible à la musique. Des études démontrent également qu’avec l’âge, la sensibilité à la musique n’est pas amoindrie même si l’on peut avoir des goûts musicaux qui évoluent en vieillissant ou que l’on s’en désintéresse. Cependant, la sensibilité reste individuelle ; des gens peuvent juger une musique joyeuse ou triste mais ne rien ressentir – aucune émotion n’engendra une modification physiologique (e.g fréquence cardiaque). Heureusement, cette population semble minime.
Les effets de pratique et d’écoute de la musique s’avèrent majoritairement positifs pour notre organisme, ce qui justifie la pratique de la musicothérapie ; la musique serait un anti-douleur et un véritable soutien psychologique. En effet, les tests effectués ont mis en évidence une chute de 60% de la douleur et une diminution de 72% de l’anxiété après l’écoute d’un morceau choisi par le patient. L’abus de la musique n’existe pas mais attention, un volume trop élevé peut nuire à la santé de votre cochlée.
Marion Guillaumin