Ce n’est pas en quête d’un cocktail chimique mortel, ni dans un cimetière qu’une équipe de chercheurs s’est réunie, mais dans un laboratoire belge pour tenter de déceler les composés chimiques qui s’échappent d’un cadavre.
Une simple odeur de pourriture ?
Quand des restes humains ou animaux se décomposent, des composés organiques volatiles (appelés COV) se dégagent du cadavre. Les scientifiques recherchent depuis des décennies l’odeur de la mort humaine et ont déjà identifié une grande variété de composés, tels que les alcanes, les alcools, acides et soufre. Cependant la décomposition est un processus difficile à étudier en raison de sa variabilité liée aux facteurs abiotiques (e.g température, humidité, type de sol, submersion du corps) et biotiques(e.g bactéries, champignons).
Quête d’un marqueur spécifique à l’être humain
Les composés dégagés lors de la décomposition d’un animal sont similaires à ceux d’un humain, mais les chercheurs souhaitent déceler les différences, et même obtenir un marqueur propre à l’espèce humaine. En bref, trouver LE composé qu’un cadavre humain rejetterait mais que la désintégration d’un animal ne produirait pas. C’est ce qu’une étude ayant été publiée la semaine dernière dans Plos One a eu pour objectif. Pour cela, ils ont effectué une expérience en environnement contrôlé (i.e en laboratoire) en identifiant, analysant et comparant les COV issus de restes de 6 êtres humains et de 26 animaux (e.g tortue, souris, oiseaux). Les auteurs n’ont pas réussi à trouver le secret de cette odeur unique mais ils ont identifié 8 composés organiques volatiles que notre corps pourrissant partage avec celui d’un porc (Et oui, notre ratio graisse/muscle ainsi que les bactéries de notre système digestif sont comparables à ceux du cochon).
Application : un parfum de la mort ?
Non, aucune édition limitée Chanel® n’utilisera ce cocktail chimique. Les scientifiques ont pour but d’améliorer les parfums artificiels utilisés pour le dressage des chiens qui cherchent des cadavres. En effet, nos amis canins ne réagissent pas toujours face à des échantillons prélevés sur un homme mort,ce qui révèle l’inexactitude de l’actuelle reproduction tentée de l’odeur de la mort. Les auteurs supposent même que si un jour les recherches parviennent à déceler le ou les composés marqueurs d’un cadavre humain, un nez artificiel pourrait remplacer les chiens.
Marion Guillaumin