Non, je n’ai pas lu cette nouvelle chez le coiffeur mais sur le site de l’Inserm, dans la rubrique des communiqués de presse. Juste après l’ébauche d’un espoir de trouver une solution pour enfin parvenir à me coiffer correctement, j’ai soudain été obnubilée par cette question « Mais il y a vraiment un syndrome ?! ». Du coup me voilà, au même niveau que les magazines féminins(si si, ils en ont parlé) mais l’angle de cet article restera scientifique, et uniquement scientifique. Qu’on se le dise.
Une vraie maladie ?
C’est en 1973 que le syndrome rare des cheveux incoiffables ou « pili trianguli et canaliculi », a été décrit pour la première fois par un dermatologue toulousain. Cette maladie s’exprime entre 3 mois et 12 ans ; les cheveux deviennent progressivement blond argenté ou d’une couleur paille, secs et désordonnés. Ils se dressent sur le cuir chevelu, poussent dans tous les sens et sont impossibles à peigner. Sous le microscope, une gouttière longitudinale est visible sur la tige pilaire présentant une section triangulaire, ce qui explique le nom latin du syndrome.
Quoi faire ? Ça, vous l’aurez peut-être lu dans un magazine chez le coiffeur ; seuls les soins doux comme les après-shampoings, les brosses molles et le fait d’éviter tout traitement agressif sur ce type de cheveux sont recommandés.
Toutefois pas de panique, les experts précisent que ce syndrome n’est pas invalidant et connaît une amélioration spontanée (qui dit amélioration ne dit pas éradication) à la fin de l’enfance.
Et donc, quelle en est la cause ?
L’histoire se poursuit à Toulouse puisque l’équipe dirigée par Michel Simon de l’Unité « différenciation épidermique et auto-immunité rhumatoïde » (Inserm / CNRS / Université Paul Sabatier) en collaboration avec celle de l’Institut de génétique humaine de Bonn,vient d’identifier la cause de cette maladie qui s’avère génétique.
En effet, le syndrome des cheveux incoiffables serait dû à des mutations récessives de trois gènes ayant un rôle dans la formation du cheveu : le gène codant pour la trichohyaline notée TCHH (un des composants structuraux du cheveu), ou un des gènes codant pour les enzymes peptidyl-arginine désiminase 3 et transglutaminase 3qui ciblent cette TCHH. Cette étude, publiée dans The American Journal of Human Genetics, présente également le résultat d’une altération de la forme du pelage et des moustaches de souris subissant l’inactivation du gène PAD3, telle que chez celles dépourvues de TGA3 lors d’expérimentations antérieures.
Bref, ces modifications génétiques aboutissent à la rigidification de la tige pilaire et sont responsables d’anomalies de la formation du cheveu telles que celle induite par le syndrome des cheveux incoiffables. Cette découverte devrait permettre aux scientifiques de mieux comprendre les mécanismes impliqués et d’améliorer les diagnostics.
Marion Guillaumin