Qui a dit que l’amitié n’était pas bonne pour la santé ? Aujourd’hui, les scientifiques vont plus loin en évaluant l’effet analgésique de la taille du réseau social d’un individu.
Des chercheurs de l’Université d’Oxford viennent de publier leur étude, stipulant que les gens ayant plus d’amis auraient une plus grande tolérance à la douleur. Des études antérieures montraient déjà que les interactions sociales déclenchent des émotions positives quand l’endorphine est sécrétée (c’est à dire quand on apprécie l’autre) ; c’est alors que l’on ressent une sensation de bien-être. Les chercheurs supposent qu’elle se lie à des régions opioïdes dans le cerveau.
Quel rapport avec la tolérance à la douleur ?
L’endorphine aurait un puissant effet analgésique comme la morphine. D’ailleurs, ce système est parfois perturbé lors d’une dépression ; les chercheurs supposent que cela pourrait être un des facteurs liés au repliement sur soi-même.
Afin d’évaluer son activité sur le cerveau, l’équipe de scientifiques a alors testé son effet sur la tolérance à la douleur. Pour ce faire, ils ont interrogé une centaine de personnes entre 18 et 35 ans sur leurs relations sociales et ont évalué leurs niveaux de stress et leurs conditions physiques. Notez qu’ils avaient reçu l’interdiction de consommer de l’alcool 24h avant l’expérience et de fumer 3h avant pour éviter tout autre effet qui aurait pu biaiser les résultats. Le test de la douleur fut un exercice physique : les volontaires devaient s’accroupir contre un mur avec les genoux formant un angle de 90° et le dos droit (quadriceps isométriques) et rester dans cette position le plus longtemps possible (113 secondes en moyenne).
Et donc ?
D’après les résultats de cette étude, plus les individus avaient de bonnes relations et un nombre d’amis élevé, plus ils semblaient supporter la douleur physique.
Froncement de sourcils de votre rédactrice qui avait mal aux jambes rien qu’en écrivant / pensant « quadriceps isométriques »…
De plus, les personnes ayant un réseau social plus restreint se sont avérées être plus stressées. Les chercheurs posent alors deux hypothèses : (1) avoir plus d’amis permettrait de mieux gérer le stress en raison d’un plus fort soutien social ; (2) ces personnes auraient moins de temps dans l’engagement social et donc moins d’amis. Convaincus ?
D’après leurs conclusions, un lien a été mis en évidence entre la disponibilité du récepteur opioïde et le style d’attachement. En effet, des moments de partage entre amis tels que l’écoute de musique, un twist sur la piste de dance ou un fou rire seraient corrélés avec une activité opioïde positive.
« Vous souffrez Monsieur ? Vous souhaitez une petite dose de morphine ou faire appel à un ami ? »
Marion Guillaumin