Les aphasies sont des syndromes qui touchent les réseaux de la communication orale. Ce sont des troubles qui peuvent se développer suite à un traumatisme (AVC, traumatisme crânien), à un développement tumorale ou un anévrisme, ou encore dû à la dégénérescence cérébrale.
Les aphasies sont nombreuses et distinctes, mais si l’on devait en donner une définition générale, cela serait différents syndromes réduisant ou supprimant les capacités de production et/ou de compréhension du langage parlé sans pour autant toucher les régions impliquées dans la perception des stimuli verbaux et l’émission de mots intelligibles.
Pour faire simple, ces patients n’ont plus la capacité de reconnaître et/ou employer les mots pour leurs valeurs symboliques. Certains comprennent ce qu’on leur dit mais sont incapables de répondre de manière cohérente. D’autres ont du mal à formuler une réponse comme s’ils perdaient le contrôle des muscles du langage. D’autres encore vous répondront le plus naturellement du monde, mais avec des mots sens dessus dessous qui n’auront aucune logique pour vous – mais qu’ils comprennent très bien eux, de telle sorte qu’ils vous répèteront la même phrase si vous leur demandez.
Alors pourquoi y-a-t-il plusieurs types d’aphasies ? Tout simplement parce que les réseaux neuronaux impliqués dans la compréhension du langage ne sont pas les mêmes que ceux impliqués dans la formulation du langage. Ces observations ont été réalisées par deux médecins, le français Paul Broca (1824-1880) (cocorico) et l’allemand Carl Wernicke (1848-1905), lors d’autopsies de patients atteints de ce genre de troubles.
C’est ainsi que l’on a donné aux régions cérébrales décrites les noms « aire de Broca » et «aire de Wernicke », qui sont impliquées respectivement dans la production et la compréhension du langage.
Mais aussi aux troubles induits par la lésion de ces régions :
L’aphasie de Broca, appelée aussi aphasie motrice ou d’expression, engendre des difficultés motrices à produire des phrases intelligibles. Le discours de ces patients est compréhensible, mais ils ont de grandes difficultés à s’exprimer oralement. Les sons sont émis laborieusement et souvent mal articulés. Cela qui donne des phrases à la syntaxe et la grammaire perturbées, composées de mots clés répétés.
L’aphasie de Wernicke, dite aussi aphasie sensorielle et aphasie de réception, correspond quant à elle aux difficultés de compréhension du langage parlé. Ici le problème étant la non-correspondance entre les mots et les idées qu’ils veulent exprimer et les mots qu’ils utilisent. Ainsi le discours de ces patients est aisé, fluide, construit grammaticalement, mais incompréhensible. Les mots utilisés le sont en dépit de leur sens, parfois même inventés, ce qui donne un discours assez ambigu. En effet, certains morceaux de phrases et expressions sont utilisés de telle sorte que l’on peut suivre certains passages… avant de se rendre compte que quelque chose ne va pas. Pour vous citer un exemple, voici celui d’un homme de 72 ans après un AVC, interviewé par le docteur Howard Gardner « Tous les coiffeurs par ici chaque fois qu’ils vous arrêtent c’est aller dans tous les coins, dans tous les coins, si vous voyez ce que je veux dire, c’est attacher et attacher pour répuquer ».
Enfin, on trouve aussi des aphasies de conduction. Ce sont des troubles issus de lésions des voies neuronales connectant les régions temporales aux régions frontales, par exemple les réseaux connectant les aires de Broca et Wernicke. Ici cela donne une réponse inadaptée à un message qui a été compris.
Les troubles de lecture et d’écriture (alexies et agraphies) sont pour leurs parts distincts et proviennent de lésions d’autres régions. Mais pas si lointaines… et peuvent donc aussi s’associer à ces aphasies.
Charles-Antoine Papillon