La vaccination consiste à protéger un individu d’une maladie en stimulant son système immunitaire, par administration d’une forme atténuée ou inactivée d’un agent infectieux. Le vaccin peut être préventif, i.e prévenir l’apparition d’une maladie d’origine infectieuse ou thérapeutique pour aider à lutter contre une maladie en cours.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) les vaccins sauvent environ 2 millions de personnes dans le monde chaque année. Parfois, une campagne internationale permet l’éradication de la maladie (e.g la variole). Seulement, certaines maladies persistent encore et encore (e.g coqueluche, rubéole) et seul le vaccin semble les tenir à distance : sur le plan individuel mais aussi sur le plan collectif (en diminuant le nombre de personnes susceptibles de contribuer à la dissémination de la maladie). Cela représente donc un intérêt pour la santé publique et économique.
Comment ça marche ?
En administrant à un individu en bonne santé une forme d’agent infectieux, une réaction immunitaire se déclenche afin d’éviter une contamination ultérieure.
Petit briefing biologique : Une première rencontre avec l’antigène étranger induit une multiplication et une activation des cellules responsables de la reconnaissance spécifique des pathogènes : les lymphocytes dont certains produisent des anticorps (lymphocytes B) et d’autres (lymphocytes T) sécréteurs de cellules « tueuses », les cytokines, nécessaires à la destruction de agents pathogènes. Une fois le pathogène éliminé, la plupart des lymphocytes meurent mais les survivants représentent un pool de cellules prêt à réagir plus vigoureusement (plus efficacement et rapidement) lors d’une deuxième rencontre avec le même antigène étranger. On parle alors d’immunité adaptative.
Pourquoi un débat ?
La défiance à l’égard des vaccins grandit depuis des années, notamment depuis la gestion de la vaccination contre l’hépatite B dans les années 90 et lors de la pandémie de la grippe A (H1N1) en 2009. Résultat : certains se détournent de quelques vaccins tels que celui de la grippe ou du papillomavirus. En effet, cette défiance du public se traduit notamment par une chute d’environ 5% de la couverture vaccinale chez les 0 à 9 mois entre 2014 et 2015, d’après l’Institut National de Veille Sanitaire (INVS) pour les vaccins hexavalent (contre 6 maladies, dont la diphtérie, tétanos, poliomyélite (DTP) et coqueluche) et Prevenar (contre pneumonie à pneumocoques).
Répondre aux interrogations et amoindrir les doutes et certaines suspicions semble crucial pour le gouvernement ; la ministre de la santé Marisol Touraine parle « d’enjeu de société ». Elle ajoute qu’il est essentiel de restaurer la confiance et clarifier les choses entre vaccins recommandés et vaccins obligatoires.
Quels sont les facteurs de cette défiance ?
La vaccination voit sa popularité faiblir pour différentes raisons ; principalement à cause des pénuries, des adjuvants et des effets secondaires que les vaccins peuvent impliqués. Dans un premier temps, les ruptures de stock de plusieurs vaccins depuis plus d’un an induisent une logique diminution de leur utilisation, notamment les vaccins tétravalents, rappels contre DTP, tétanos et diphtérie, distribués au compte-gouttes. De plus, le vaccin hexavalent comprenant l’hépatite B est distribué normalement mais le vaccin pentavalent pour les personnes ne souhaitant pas vacciner leurs enfants contre l’hépatite B, se trouve plus difficilement. Ces pénuries sont liées à l’augmentation de la demande mondiale et aux difficultés de production des industries pharmaceutiques. Les effets secondaires et les adjuvants sont deux autres éléments qui alimentent les doutes du public. En effet, les adjuvants augmentent l’amplitude et la durabilité de la réponse vaccinale mais sont accusés de causer des maladies auto-immunes (e.g hydroxyde d’aluminium).
Pour tenter contrer au plus vite à ce problème de santé publique, la ministre vient de présenter un plan d’action prévoyant différentes mesures pouvant être rapidement exécutées : carnet de vaccination électronique, comité de parties prenantes (médecins, experts et usagers) pour éclairer la décision publique, gestion des pénuries par les industriels, mener une étude (INSERM) sur les risques potentiels des adjuvants et améliorer la communication des effets secondaires pouvant être engendrés.
Marion Guillaumin