Contrairement à d’autres mammifères, les humains ne se livrent pas à un échantillonnage olfactif manifeste de leurs congénères. Ben non, vous ne reniflez pas votre voisine sur le palier tous les matins. Cependant, les scientifiques certifient que lors d’une embrassade, nous effectuons un échantillonnage olfactif secret ; évidemment, cette pratique est inconsciente. Mais qu’en est-il d’une simple de poignée de main ? Flumin et al. viennent de mettre en évidence que nous échangeons des produits chimiques semblables à ceux que les animaux sentent chez leurs congénères, lors d’une poignée de main. En effet, en analysant par chromatographie en phase gazeuse-spectrométrie de masse (GC-MS) un gant ayant été en contact (ou non pour le témoin) avec la main d’une tierce personne, l’équipe a identifié et quantifié précisément les substances transmises à l’autre lors d’un tel contact.
Quels sont ces composés échangés ?
D’après cette étude, trois composés identifiés dans les sécrétions corporelles humaines sont transférés à l’autre lorsqu’on lui serre la poigne : le squalène (chemo-signal connus chez les rats et les chiens), l’acide hexadécanoïde (chez les rats, chiens et insectes) et l’acétone de géranyle (connu chez les insectes seulement). Ne concluez pas trop vite, ces résultats ne montrent pas que ce sont des composants chemo-signaux sociaux mais que la prise de contact (poignée de main en l’occurrence) est suffisante pour transférer les molécules qui ont ce rôle chez d’autres mammifères.
Echange de molécules, et c’est tout ?
L’étude ne s’arrête pas là. Grâce à une expérience permettant de filmer des individus après une poignée de main avec un inconnu, les chercheurs ont pu analyser leur comportement. Après avoir serré la main de quelqu’un, nous autres, chers êtres humains qui ne se reniflent pas le derrière, sentons deux fois plus notre main qu’à la normale. De plus, ayant serré la main avec une personne du même sexe, il semblerait qu’ensuite, nous tenons notre main près de notre visage plus longtemps que lors d’absence de contact avec autrui, près du nez (flux d’air deux fois plus élevé). En revanche, l’étude stipule que lors d’une poignée de main avec une personne de sexe opposé, nous aurions le même comportement mais avec la main n’ayant pas subi d’échange tactile. Et pourquoi ça ? Les scientifiques posent l’hypothèse d’un tel comportement comme étant un processus comparatif puisque nous reniflons régulièrement nos mains ; en bref, vous serrez la main d’une femme, mais avant d’intégrer les molécules qu’elle vous a transmises, vous respirez votre main ne l’ayant pas touché pour que votre odorat en détecte les différences. Bref, il semblerait que nous soyons similaires à des caniches qui se reniflent, mais dans un art de discrétion !
Marion Guillaumin