Une étude apporte un nouvel élément pour la Science : la schizophrénie serait causée principalement par la perturbation d’un équilibre biochimique régissant l’activation ou l’inhibition des neurones.
Schizo-quoi ? La schizophrénie est un trouble mental (psychotique) sévère et chronique qui apparaît généralement à l’âge adulte (entre 15 et 25 ans le plus souvent). Cette maladie est caractérisée par un ensemble de symptômes très variables ; e.g. délires, hallucinations, retrait social, difficultés cognitives. Touchant environ 0,7 % de la population mondiale dont 600 000 personnes en France selon l’INSERM, ce trouble complexe surviendrait en raison d’éléments environnementaux et génétiques.
Substances psychogènes
Le poids des facteurs environnementaux est encore mal connu mais les travaux supposent que des éléments influençant le développement cérébral pourraient entraîner un risque de développer la schizophrénie (e.g. complication suite à une grippe lors de la grossesse). Par ailleurs, la consommation de substances psychogènes (e.g. cannabis) représente également des facteurs à risques, tardifs. Sachez que l’usage régulier de ce type de produits avant l’âge de 18 ans s’avère doubler le risque ! Cette maladie psychotique est également associée à des anomalies anatomiques au niveau du cerveau (substances blanche et grise) ; le neuropile (tissu) et la myéline (gaine lipidique des fibres nerveuses) étant réduits.
Concernant les causes génétiques, la Science avance à son rythme. Les recherches ont déjà démontré que chez un individu, plusieurs variants génétiques sont associés à un léger sur-risque de développer cette maladie. De plus, la présence de mutations ponctuelles rares mais dont l’effet semble majeur, exposent à un risque beaucoup plus important. Bref, 10 % de la population serait porteuse de certains facteurs de vulnérabilité à la schizophrénie qui touche finalement moins de 1 % des individus.
Et donc, quoi de neuf ?
L’apparition des troubles chez un schizophrène serait due à l’altération des gènes impliqués dans la plasticité neuronale, i.e. dans la capacité des neurones à modifier leur activité en fonction de leur environnement (nouvelles connexions et propriétés) afin d’optimiser le fonctionnement cérébral. D’après les résultats de cette récente étude, l’origine de cette altération serait un grand nombre de mutations ayant un effet additif sur la production des neurotransmetteurs. En effet, la perturbation de la modulation GABAergique (GABA = neurotransmetteur inhibiteur de la signalisation neuronale, i.e. diminue l’activité des neurones sur lesquels il se fixe) et du glutamate (neurotransmetteur excitateur majeur) est susceptible d’avoir un large impact sur le fonctionnement du cerveau. Même si l’étude présente des résultats incontestables en raison d’un échantillon considérable (analyse des mutations spécifiques de 11 355 patients et de 16 416 personnes saines), la Science doit encore identifier les mécanismes de ces perturbations avant la conception de traitement adapté.
Marion Guillaumin